Cap vers le Grand Nord de l’Europe pour la randonnée d’été 2015
Après une bonne heure de route, le bus nous dépose au bord d’une route déserte. Abisko, à l’extrême nord de la Suède, petite station de montagne toute proche de la frontière norvégienne. Devant nous le lac Torneträsk étend tout sa longueur bordée de feuillus clairsemés. Le bus repart nous laissant découvrir l’autre partie du décor. Quelques bâtiments en bois vernis de rouge foncé apparaissent au regard. Oui, il y a bien un village, nous voilà arrivés. Ici plus grand monde en ce début de septembre.
Accueil chaleureux à l’Abisko Mountain Lodge au terme d’une journée de voyage, à la veille d’entamer la partie septentrionale d’un itinéraire de grande randonnée sur le Kungsleden (sentier royal). Le tracé, connu loin à la ronde, est très parcouru en saison estivale. Il s’étend vers le sud à travers les espaces sauvages du Fjäll, l’équivalent de nos Alpes, en plus vieux, en plus arrondi, en moins haut.
Au programme, 120 kilomètres de marche en 7 jours en direction de Nikkaluokta, entre 400 et 1000 mètres d’altitude, à travers forêt boréale, toundra, landes, tourbières. Partout, l’eau cristalline, vive ou paisible, anime ou adoucit le paysage. Soudain, apparaissent à nos yeux ébahis, un troupeau de rennes engagés dans une traversée de rivière, un renard polaire au pelage hésitant entre été-hiver au petit trot en ligne droite, peut-être à la recherche du lemming si agile à se dissimuler, des lagopèdes en nombre à quelques mètres mais presque invisibles tant leur plumage se marie aux couleurs de leur environnement mi-minéral et mi-végétal.
Une randonnée également très riche au plan humain. Les longues étapes propices aux échanges mais aussi au voyage intérieur. Le bonheur de trouver enfin le confort rudimentaire du gîte en fin de journée. La contrainte si stimulante d’avoir à accomplir les tâches communautaires indispensables comme chercher de l’eau à la rivière, ou fendre le bois pour se chauffer. La joie de partager des repas simples et conviviaux, préparés ensemble avec le peu de nourriture disponible. Une semaine inoubliable, certes bien loin du standard « demi-pension » de nos cabanes CAS (ou peut-être justement grâce à cela), mais largement compensé les atmosphères et couleurs de cette nature sauvage mais aussi des bienfaits d’authentiques et pittoresques saunas.